Le billet de Lisa
Mercredi 7 décembre, nous avons eu le privilège de rencontrer l’écrivain Théo Ananissoh. Ce moment a été pour notre classe l’occasion de découvrir l’envers de l’art de l’écriture. En effet, pour les plasticiens, historiens des arts ou littéraires que nous sommes, il a été particulièrement intéressant de pouvoir échanger directement avec un écrivain au sujet du processus de création. Théo Ananissoh nous a expliqué d’où provenait son inspiration : la plupart des faits qu’il relate dans ses récits sont issus de son quotidien, de son vécu. Des situations ou bien des souvenirs qu’il réadapte dans ses romans en y intégrant une part d’imaginaire. Car, que serait notre vie sans cette part de rêve, de fantasme et d’invention ? Selon l’auteur, la fiction serait primordiale dans notre existence : « on ne peut pas vivre à 100 % dans la réalité », nous confia-t-il. En nous parlant de cela, l’écrivain s’est mis à notre portée en nous questionnement même à ce sujet, un sujet qui nous touche directement. D’autres thèmes ont été abordés, comme la problématique de la description. En effet, elle tient une grande place au sein de son écriture et Théo Ananissoh accorde une grande importance aux détails, pour « donner à voir » à ses lecteurs et ainsi mieux transmettre son point de vue ou son émotion ressentie en face de la réalité. Nous avons donc beaucoup appris sur son métier, mais aussi, réfléchi sur ce qu’est véritablement écrire, durant un véritable moment de partage et d’échange.
Les questions
La première lecture marque l’ouverture du roman et permet de poser une question fondamentale liée à la démarche de l’auteur, à savoir la part du vécu dans l’élaboration de ses récits.
La deuxième et la troisième lecture interrogent la matière du souvenir et la technique descriptive, constitutives d’une écriture du réel.
La quatrième lecture, celle du dernier chapitre, pose la question de la fin du roman et celle de l’écriture en projet, en devenir.
Les réponses de l’auteur
Quelle est la part du vécu dans votre roman ?
Difficile de répondre avec précision à cette question. Tout est mélange. Je pars de moi, de mes expériences, de ce que j’ai vu et vécu pour ensuite développer un imaginaire. Je ne me considère pas comme un romancier pur. J’aime donner au lecteur le sentiment que ce qu’il lit a été vécu. Donc, pour essayer de donner une réponse satisfaisante à la question que vous me posez, je dirais que le vécu est en gros la moitié de ce qui est présenté dans mes romans – en dehors du deuxième intitulé “Un reptile par habitant”, qui est une fiction pure. Mais encore une fois, tout est imbriqué ; le vrai et le fictif.
Pourquoi introduisez-vous le souvenir dans vos récits ?
Parce que j’ai tendance à vivre les choses et les rencontres avec autrui comme des récits potentiels. Je crois que mon but essentiel est d’élaborer une sensibilité ; par conséquent, les souvenirs me semblent être des matériaux appropriés pour cela. J’aime aussi l’idée de rendre hommage d’une manière ou d’une autre à un lieu, à un être qui m’a marqué, parfois même bien loin dans le passé. Je dois dire que je ne décide pas de ces souvenirs ; ils s’imposent à moi à un moment donné de mon travail, persistent dans mon esprit et prennent ainsi eux-mêmes leur place dans telle ou telle partie du roman.
Pourquoi votre description de la réalité est-elle si précise ?
Simplement parce que la réalité et ses éléments me fascinent volontiers. Un visage, un paysage, une maison visitée par hasard, etc. J’aime aussi l’idée de donner à voir au lecteur. Bien souvent, on ne sent pas parce qu’on ne voit pas ou plus à force d’habitude. Donner à voir ce qui semble évident et patent, c’est nourrir la sensibilité. C’est un exercice bien rude si j’ose dire de trouver les mots appropriés pour faire voir la réalité ; parce que, encore une fois, faire voir c’est faire sentir. Les mots mal choisis peuvent rebuter et induire en erreur de sensibilité. Ecrivain et lecteur redécouvrent ensemble une réalité quotidienne quand elle est bien décrite.
Pouvez-vous nous parler un peu de votre travail en cours ?
Je viens de finir ici à Brive ce qui, je l’espère, sera mon quatrième roman publié. Je ne peux encore en donner le titre, car la décision d’éditer le manuscrit n’est pas encore acquise. C’est une suite en amont de mon précédent roman paru en 2010 intitulé “Ténèbres à midi”. En amont parce que je reprends les deux personnages principaux de ce roman – le narrateur et son alter ego Eric Bamezon – avant l’épisode de leur rencontre en Afrique. Eric Bamezon meurt dans “Ténèbres à midi”, à son retour en Afrique ; dans cette suite, je le reprends dans une phase de sa vie antérieure à son retour au pays, et le développe encore plus. Ce roman donne également les clés effectives de son destin tragique une fois rentré chez lui. Le roman se passe entièrement en Touraine, dans un cadre rural et d’automne qui est très décrit.
Théo Ananissoh
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