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HISTOIRE DU MOYEN ORIENT

HISTOIRE DU PROCHE ET DU MOYEN ORIENT

 

Pan du contenu de cette fiche

            1/ LE PROCHE ET LE MOYEN ORIENT, UN FOYER DE CONFLITS DEPUIS LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

          2/ L’Histoire : Les collections. Le Proche-Orient de Sumer à Daech. N°69, décembre 2015

         3/ Documentation photographique n° 8102 : GEOPOLITIQUE DU MOYEN-ORIENT par Fabrice BALANCHE (prof à l'université de Lyon), fin 2014

 

 

 

1/ LE PROCHE ET LE MOYEN ORIENT, UN FOYER DE CONFLITS DEPUIS LA FIN DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Cours réalisé par F. Le Hech

 

Introduction (utiliser des cartes pour se repérer)

Termes utilisés et limites :

                        -Proche Orient (ou Levant) : terme utilisé par la diplomatie française dès fin XIXe s ; régions côtières de la Méditerranée orientale (de Turquie à Egypte) ; terme géographique

                        -Moyen Orient (ou Middle East) : terme imposé par les Anglo-saxons début XXe s ; zone centrée sur Golfe persique (donc médiane entre Proche et Extrême Orient) ; limites: au Nord le Caucase, à l’est, Iran-Pakistan-Afghanistan, à l’Ouest, l’Egypte (incluse) ; terme géopolitique

Problématique

            Comment et pourquoi les motifs et les formes de conflictualité au Proche et au Moyen Orient ont-ils une résonance exceptionnelle au niveau mondial ?

 

I/ Une région qui concentre de multiples et puissants enjeux

            1/ Un carrefour géostratégique

                        a/ carrefour géographique

-zone de contact entre 3 continents : Afrique (par l’Egypte), Europe ( par la Méditerranée orientale), Asie (par la péninsule arabique)

-unité climatique : semi-aride (méditerranéen sur les côtes, désertique à l’intérieur)

-zone ouverte à la circulation (relief peu contraignant sauf au Nord : Caucase, Anatolie, Iran)

                        b/ zone traversée par des flux

-flux humains : migrations des peuples (E vers O : au Moyen Age, Turcs dans l’empire byzantin, Arabes en Afrique du Nord…), flux de travailleurs (ex: Actuellement Egyptiens, Asiatiques du S-E vers Emirats pétroliers)

-flux économiques :    au Moyen Age : routes commerciales maritimes et terrestres, liaison entre Europe et Asie (route des épices), rôle des ports du Levant

                                   au XIXe siècle: construction du canal de Suez (Français F. de Lesseps en 1859-1869 ; société Fra-GB ; 193 km de long entre Port-saïd au N et Suez au S) ; évite le contournement de l’Afrique ; enjeu pour le commerce et la colonisation (Fra, GB) ; actuellement: supertankers (pétrole), porte-conteneurs, bateaux militaires                                                                      

                                   depuis le XXe s: hydrocarbures, exportation par voie maritime (rôle des isthmes et détroits: Ormuz, Bab el Mandeb, Suez) et par voie terrestre (important réseau de pipe-lines)

                        c/ zone convoitée par les puissances

Exple : 1956, la crise de Suez

                        Nationalisation du canal en juillet 1956 par Nasser (président égyptien) : pour indépendance politique et financière (avant, « exploitation » du canal par Fra et GB [forme de colonialisme], revenus financiers du droit de passage des bateaux (ex: aujourd’hui : 10% du budget de l’Etat), refus des Occidentaux de financer la construction du barrage d'Assouan (Nasser se tourne vers URSS)

                        Expédition militaire de Fra + GB + Israël (ennemi de l’Egypte) préparée secrètement (sans prévenir les EU) ; attaque concertée        

                        Pression des 2 Grands (EU + URSS) sur les attaquants pour qu'ils se retirent : façon de montrer leur puissance aux « petits » pays, refus d'un "néo-colonialisme", phase de "coexistence pacifique"

                        Retrait des attaquants ; envoi de Casques Bleus de l'ONU (1ere fois qu'on les utilise) pour séparer la frontière Israël/ Egypte

                        Affaire considérée comme une grande victoire pour Nasser ; humiliation pour Fra et GB (forme d'anti-américanisme se développe particulièrement en Fra ; on le retrouvera chez De Gaulle)

            2/ Une mosaïque humaine, culturelle et religieuse

                        a/ La diversité ethnique et culturelle

-3 Principaux groupes humains:

            Arabes : Péninsule arabique, Levant (+ Afrique du Nord) ; unité linguistique ; 22 Etats membres de la Ligue Arabe (créée en 1945 pour affirmer l’unité de la « nation » arabe)

            Turcs: concentrés sur le plateau anatolien (+ Asie centrale) ; ethnie et langue originaires d’Asie centrale ; relations difficiles avec Arabes (souvenir de la domination ottomane)

            Perses : Iran, Afghanistan (mais diversité linguistique) ; peuple présent dès l’Antiquité ; peuple qui souhaite se différencier des arabes

-Autres « peuples »

            Kurdes : peuple de montagne, plusieurs dialectes, se réclamant descendant des Mèdes de l’Antiquité, sans Etat reconnu, réparti sur 4 Etats (Turquie, Iran, Irak, Syrie) ; situation toujours difficile (pendant longtemps refus d'autonomie en Turquie, mais semble se normaliser un peu actuellement ; vengeance de Saddam Hussein en Irak après 1e guerre du Golfe en 1991: attaques chimiques des villages ; en pointe actuellement dans les combats contre Daech)

            Juifs : présents en Israël (Etat moderne créé en 1948) ; diaspora dès l’Antiquité d’où mélange culturel (adoption d’us d’autres peuples) ; marqués aussi par la religion juive ; présence remise en cause depuis le XXe s par les Arabes et par l'Iran depuis 1979)

                        b/ La diversité religieuse

-Islam :

            Majoritaire dans la région : (sauf en Israël), facteur d‘unité (à relativiser, voir après) de peuples différents (Arabes, Turcs, Iraniens…)

            Mais divisé en plusieurs courants

Sunnisme : majoritaire (85 % des musulmans) ; s’appuie sur la sunna (tradition = ensemble des paroles, des actions et des jugements du Prophète, contenus dans les hadiths) ; Révélation terminée avec le Coran ; reconnaît les 4 califes "traditionnels" ayant succédé à Mahomet

Chiisme : minoritaire (10-15 %) ; né du schisme des partisans d'Ali (gendre de Mahomet) à propos de la désignation du successeur du Prophète ; rôle des imams comme guides spirituels et dans la poursuite de rédaction du Coran

Autres très minoritaires et fortement localisés : Druzes (très présents au Liban et en Syrie), Alaouites (en Syrie, Bachar El-Assad en fait partie)

-Exple d'un pays : religions en Irak  : 60% de Chiites dans le S (berceau du chiisme avec lieux saints: Nadjaf, Kerbala); 18% de Sunnites arabes (minorité au pouvoir sous Saddam Hussein); 18% de Kurdes sunnites (mais différents des arabes) ; 4% de minorités diverses : chrétiens, yazidis kurdes (persécutés par Daech)

-Communautés chrétiennes

            Chrétiens minoritaires, mais présents partout : 1/3 au Liban, 3% en Irak… [les + nombreux sont les coptes en Egypte : 8 M personnes, soit 10% de la population]

            Divisés en sous-groupes religieux : catholiques, orthodoxes, arméniens, coptes…

-Judaïsme

            Majoritaire en Israël : mouvement sioniste (retour vers la "Terre promise") enclenché fin XIXe s par Théodore Herzl (juifs hongrois), accéléré au XXe s (encouragé par GB dans les années 1920, rescapés de la 2nde GM ensuite) ; 1e communauté juive du monde aujourd’hui en Israël (5,4 M soit 75% de la population du pays ; 5 M aux EU ; 0,6 M en Fra)

            Minorités juives dans d’autres pays : Iran, Irak, Turquie…

-Les lieux saints des religions

            La Mecque et Médine : importance dans l’Islam :

Médine (Hégire = fuite de Mahomet en 622 chassé de La Mecque, début du calendrier),

La Mecque : lieu de naissance de Mahomet et du début de son pouvoir (après son retour en 630), présence de la Kaaba avec Pierre Noire, 1e pèlerinage mondial [contenu dans les 5 piliers de l’Islam], commun aux sunnites et chiites (+ 2 M personnes/an)

traduction politique du rôle de La Mecque : légitimité pour la monarchie d’Arabie saoudite dans le monde musulman + source de revenus du pèlerinage ; tensions Arabie/Iran (vocations de puissances régionales concurrentes et rivales) ; violences parfois (ex: en 1987, pèlerins iraniens accusés de propagande politique pendant la pèlerinage d'où affrontements  :400 morts dont 200 Iraniens)

            Cas de Jérusalem

lieux saints des 3 religions monothéistes :  église du Saint-Sépulcre (tombeau Jésus) et via dolorosa (circuit de la passion) pour les chrétiens ; Juifs : mur des lamentations (reste du Temple d’Hérode) ; Musulmans: 3e lieu saint avec Dôme du Rocher (mosquée du VIIe s, lieu de songe de Mahomet) et mosquée Al-Aqsa (VIIe s) sur esplanade (emplacement du 1er temple juif) ; d’où « ville trois fois sainte » et volonté d’appropriation ; rôle des fouilles archéologiques destinées à montrer l'ancienneté de la présence juive

GB obtient la Palestine (retirée aux Ottomans) et donc Jérusalem sous mandat de la SDN après la 1eGM ; GB favorise l’immigration juive

plan de partage de 1947 proposé par l'ONU entre juifs et arabes : statut international de Jérusalem ; mais non appliqué (Proclamation de la naissance d’Israël en 1948 et guerre avec pays arabes ) ; 1949 : partage de la ville en 2 : Ouest pour Israël et Est pour Jordanie séparés par la  « ligne verte »

Conquête de l’est de la ville par Israël en 1967 (Guerre des 6 jours); considérée comme « territoire occupé » par l’ONU

Proclamée capitale d'Israël en 1980, mais non reconnue par ONU (dénommée aussi « capitale de l’Etat palestinien » en 1988)

Multiplication des colonies juives au milieu des arabes palestiniens ; « mur de séparation » à partir de 2002

Reste au cœur des tensions entre israéliens et palestiniens ; à régler pour espérer paix définitive

            3/ Des ressources convoitées

                        a/ Les hydrocarbures : « or noir »

-Enjeux quantitatifs :

            lieu de production : 1/3 de la production mondiale (Arabie 2e, Iran 4e, etc) ; 1e exploitation historique: 1908 en Perse

            Production : Arabie (16% ; 2e pétrole, 8e gaz), Iran (9% ; 6e pétrole, 4e gaz), Qatar (7%), EAU (5%)

            Surtout de très gros exportateurs (Arabie 1e, EAU 3e, Koweït 5e, Irak 8e, etc) : alimentation du commerce mondial (Occident pendant les 30 Glorieuses ; aujourd'hui: Occident + Asie orientale) ; problème du contrôle des passages stratégiques (détroit d'Ormuz)

            principales réserves mondiales : 60% du pétrole, 40% du gaz

-Contrôle de l’exploitation :

            Grandes compagnies privées occidentales pendant la colonisation (majors : Texaco, BP…) et jusque dans les années 1960, avec système de « concession » (faible revenu pour le pays, prix du pétrole fixé par la major) ; sauf cas de l'Iran : nationalisation de l'exploitation par Mossadegh en 1951 (d'où le coup d'Etat orchestré par la CIA contre lui en 1953 et qui installe le Shah en dictateur absolu)

            Création de l’OPEP en 1960 : 12 Etats aujourd’hui ; but: récupérer la main sur les gisements et sur les prix par politique de nationalisation ; origine du 1er choc pétrolier de 1973

-Evénements qui ont pesé sur les prix:         

            Guerre du Kippour (1973) en Israël et pays arabes : origine du 1er choc pétrolier (représailles de l’OPEP contre occident qui a  soutenu Israël ; prix X4)

            Révolution islamiste en Iran (1979) : risque de pénurie de pétrole sur le marché mondial d’où 2e choc pétrolier (prix X3,5

            Années 2000 : demande asiatique forte + guerre d’Irak (2003) : hausse des prix

            Baisse actuelle des prix : ralentissement éco dû à la crise + gaz de schiste (donc importance stratégique des hydrocarbures à relativiser un peu)

-Un Exple de conflit  : La Guerre du Golfe (1990-1991) :

Invasion du Koweït par armée irakienne de Saddam Hussein en août 1990 ; plusieurs prétextes invoqués, mais raison essentielle: mettre la main sur le pétrole de ce petit pays

Réponse de l’Onu (sur initiative des EU) en 3 temps: condamnation, embargo, ultimatum

Janvier-février 1991 : attaque par coalition de l'ONU (34 pays : EU, RU, Arabie, Fra…, 500 000 soldats dont ¾ des EU) et libération du Koweït ; représailles de l’Irak contre Kurdes révoltés (d’où nouvelle intervention pour les sauver) ; internationalisation du conflit        

            b/ L’eau : « or bleu »

-Un enjeu grandissant :

            inégalité de répartition de la ressource (ex: Turquie: + 1500 m3/pers/an ; Arabie : moins de 100 m3)

            conditions climatiques (faibles et irrégulières précipitations d’où pénurie, accentuation avec réchauffement)

            Prélèvements en hausse: croissance démographique (population X5 en 60 ans : 80 M en 1950, 400 M aujourd’hui), développement économique (irrigation surtout)

            Réponse des petits Etats pétroliers : usines de dessalement d'eau de mer (possible pour pays peu peuplés et coût très élevé de ces réalisations)

-Tensions de + en + fortes

            Turquie/Syrie/Irak : multiplication des retenues d’eau par les Turcs (ex: barrage Atatürk fini en 1990 : 2 km de lonf, lac de retenue de 800 km²) sur Tigre et Euphrate d’où affaiblissement de la ressource pour pays en aval

            Israël/Palestine/Jordanie : détournement du Jourdain par canal Israélien

            Résolution des conflits de l'eau  = facteur déterminant pour la paix dans la région aujourd'hui

 

II/ Une histoire politique et diplomatique complexe

            1/ Un espace largement influencé par les grandes puissances

                        a/ France et Grande Bretagne de 1918 à 1948

-Empire ottoman démembré: allié de l’Allemagne donc vaincu  ; appui militaire des Anglais sur les Arabes révoltés de Fayçal

Traité de Sèvres de 1920 imposé par GB/Fra:

            Turquie fortement réduite

            Mais pas appliqué car reconquête guerrière par le général nationaliste Mustapha Kemal (Atatürk = Turc-Père) ; instauration d’une république laïque ; traité révisé (Lausanne, 1923)

            Déception des Arabes: panarabisme de Fayçal non accepté (frontières imposées); chassé du trône de Syrie par les Fra en 1920 ; mais devient roi d’Irak sous domination anglaise (puis indépendant en 1932)

            Partage de la région sous forme de mandats de la SDN : Syrie et Liban pour Fra ; Jordanie et Palestine pour GB ; appui sur des minorités: chrétiens libanais pour les Fra, juifs incités à s’installer en Palestine par les Angl

-Début de l’enjeu pétrolier : compagnies européennes et américaines s'installent

                        b/ EU et URSS pendant la Guerre Froide

-Raisons de l’intérêt:

            longue frontière avec URSS (sécurité)

            accès aux réserves pétrolières (enjeu majeur dans les 30 Glorieuses)

            recherche d’alliés politiques

-Un  des 1ers lieux d’affrontement :

            Ex1: Turquie : revendication des Détroits turcs (Bosphore et Dardanelles) par Staline dès 1945 d’où soutien des EU et ancrage de la Turquie à l’Ouest (lutte contre guérilla communiste, plan Marshall, adhésion à l’OTAN en 1952)

            Ex2 : Iran: troupes GB, EU, URSS stationnées pendant la 2nde GM ; refus des russes de partir jusqu’en 1946 ; puis influence grandissante des EU (PC interdit, rapprochement avec le Shah)

-Pacte de Bagdad (1955): alliance militaire: GB, EU, Irak, Turquie, Iran, Pakistan : « cordon sanitaire » pour contrer la poussée russe ; rappel de la "pactomanie" des EU

-Evolutions :

            Régimes nationalistes arabes soutenus par URSS:

                        Egypte de Nasser (1954-70) se rapproche de l'URSS ; ensuite rapprochement progressif avec Israël (sous Sadate) et les EU (Moubarak 1981) ; EU utilisent l'arme alimentaire (dons de blé) pour faire basculer l'Egypte dans leur camp

                        Parti Baas: idéologie alliant nationalisme arabe et socialisme , très présent en Syrie et en Irak

                        Syrie se rapproche de l'URSS avec arrivée au pouvoir du Parti Baas (Hafez El-Assad à partir de 1970 par coup d'Etat, puis son fils Bachar depuis 2000) ; reste soutenue aujourd'hui par la Russie

                        Irak : retrait du Pacte de Bagdad dès 1959, puis rapprochement avec l'URSS sous Saddam Hussein à partir de 1968 : coup d'Etat organisé par le Parti Baas

            Soutien des EU aux régimes conservateurs : Jordanie, Arabie saoudite (sorte de monarchie absolue, achat de pétrole contre soutien militaire négocié dès 1945 par Roosevelt), pour contrer l’influence de Nasser et du nationalisme arabe

            Doctrine Eisenhower (1957) : juste après crise de Suez ; aide économique et militaire accordée à tout pays de la région qui le demande pour empêcher de tomber dans le communisme (ce qui permet dans les années 1970 de faire basculer l'Egypte)

            Révolution islamiste en Iran (1979) : arrivée au pouvoir des ayatollahs (chef: Khomeiny) ; devient ennemi irréductible des EU (qui avaient soutenu la dictature du Shah) ; mais régime aussi anti-communiste (par définition, le communisme est matérialiste donc athée, alors que l'iran devient une théocratie) ; jeu de la guerre froide brouillé

-Une des dernières crises de la guerre froide: guerre d’Afghanistan (1979-89)

            PC au pouvoir en 1978 à la suite d'un coup d'Etat, mais contesté par les islamistes et donc en difficulté (guerre civile)

            Invasion militaire russe commencée en décembre 1979 (suite à l'assassinat du président communiste Taraki)

            Résistants afghans (Moudjahiddins) soutenus par EU et Arabie (y compris islamistes dont Ben Laden)

            Retrait russe réalisé de 1987 à1989 par Gorbatchev : conscient d'une guerre perdue, du gouffre financier et de l'impopularité de cette guerre (14 000 morts russes)  ; surnommée le « vietnam russe » ; a accéléré la fin de la guerre froide

                        c/ L’influence maintenue des EU depuis 1991

-Soutien privilégié à certains Etats alliés traditionnels : Israël, Arabie

-Interventions militaires directes

            Ex1 : Guerre du Golfe (1991, sous bannière ONU) ; réponse à l'invasion du Koweït par Irak (danger pour marché du pétrole, souveraineté d'un Etat bafouée)

            Ex2 : 2e guerre d’Afghanistan (2001-retrait total des EU en 2014 ; suite aux attentats du 11 septembre 2001 pour traquer Ben Laden [sans succès] et pour châtier le régime des Talibans [islamistes extrémistes au pouvoir depuis 1994)

            Ex3: Guerre d’Irak (2003-2011) voulue par GW Bush, hors ONU (menace de veto de la France) ; prétextes fallacieux (soutien au terrorisme, armes de destruction massive) ; renversement de S. Hussein (jugé et pendu en 2006)

-Isolement et sanctions contre l’Iran :

            Problèmes : programme nucléaire militaire (Iran a signé le TNP en 1970)+ islamisme + risque de fermeture du détroit d'Ormuz

            1e accord en avril 2015 entre Occidentaux et nouveau président iranien Rohani (réformateur, moins dur que le précédent) : possibilité à long terme d'améliorer les relations. A suivre

-Frappes aériennes contre le terrorisme de Daech en Syrie-Irak depuis été 2014 (problème complexe, voir III)

            2/ Les conflits autour d'Israël

                        a/ La naissance d'Israël

-Situation en 1945 : Palestine sous mandat GB depuis 1918 ; cohabitation difficile entre 2 populations: 1,2 M Arabes et 0,6 M juifs ; forte hausse des juifs depuis les années 1920 (mouvement sioniste créé fin XIXe s [T. Herzl]) ; situation explosive

-Plan de partage de l'ONU (1947) : 1 Etat arabe et 1 Etat juif, ville de Jérusalem internationalisée ; discontinuités territoriales pour respecter la présence de chaque population

-Proclamation de l'Etat d'Israël par D. Ben Gourion le 14 mai 1948 mais refus du partage par les Arabes

-Conséquences immédiates:

            Départ précipité des Angl (dès 15 mai)

            « Nakhba » (= catastrophe) : émigration de 700 000 Palestiniens arabes dans les pays voisins (de 1947 à 1949) ; installation dans des camps de réfugiés précaires pour longtemps (jusqu'à aujourd'hui, en fait)

            1e guerre israélo-arabe (1948-49): attaque par les Arabes (coalition de tous les voisins: Egypte, Jordanie, Liban, Syrie + Irak), mais repoussés (efficacité de l'armée israélienne: Tsahal) ; agrandissement d'Israël par rapport au partage de l'ONU (au N et au S) ; annexion de territoires arabes par Etats arabes (Gaza: Egypte, Cisjordanie: Jordanie) ; Jérusalem coupé en 2

            Affrontement intercommunautaire des années 1930 devient un affrontement interétatique

                        b/ La multiplication des conflits israélo-arabes

-Crise de Suez (1956) (voir I)

-Guerre des Six-Jours (1967) : attaque préventive d'où effet de surprise et victoire d'Israël (Mossad = services secrets, avaient repéré les préparatifs militaires de Nasser), occupation de Gaza et Cisjordanie par Israël (condamnation par l'ONU [résolution 242] : "territoires occupés" ; mais aucun effet réel) et début de colonisation  juive dans les territoires palestiniens

-Guerre du Kippour (1973) : attaque arabe (effet de surprise pendant fête juive), mais repoussée ; intervention des 2 Grands sur leurs alliés pour stopper le conflit (contexte de Détente) ;  ; représailles de l'OPEP contre Occident (choc pétrolier)

-1er espoir de paix : accords de Camp David (1978) entre Israël et Egypte négociés sous l'égide du président des EU J. Carter (idéaliste, veut développer la paix) : paix jamais remise en cause depuis, mais président égyptien Sadate assassiné par islamistes en 1981 ; rupture du front uni des pays arabes contre Israël

                        c/ La question palestinienne, au cœur des tensions de puis 50 ans

-Renaissance du nationalisme palestinien :

            1964 : création de l’OLP : organisation de libération de la Palestine ; dans sa Charte de fondation : destruction nécessaire d’Israël pour créer un Etat palestinien (donc mouvement très hostile à Israël au départ)

            1969 : prise de contrôle de l’OLP par Y. Arafat et son mouvement: le Fatah

-Spirale de violence dans les années 1970-80

            Actions de l’OLP : Attentats terroristes par des commandos (ex: 1972: JO de Munich, 11 athlètes israéliens enlevés et assassinés), Intifada en 1987 (« guerre des pierres » spontanée puis encadrée, utilisation des enfants "martyrs" contre chars israéliens)

            Représailles d’Israël : Traque des chefs de l’OLP (plusieurs tentatives pour assassiner Arafat), invasion du Sud Liban en 1982 (massacres dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila par milices chrétiennes libanaises sans aucune réaction de l’armée israélienne, d’où émotion internationale) ; retrait israélien seulement en 2000

-L’espoir d’une solution

            Accords d’Oslo en 1993 (négociés à Oslo, puis signés à Washington) : Arafat (OLP) /Y. Rabin (1er ministre Israël) /Clinton (président EU)  ; Arafat et Rabin : prix Nobel de la paix en 1994

            Comment est-ce possible? Changement de contexte: fin de guerre froide, rôle reconnu des EU comme médiateur (pression sur leur allié israélien) , abandon du terrorisme par Arafat (se retrouve sans soutien de l'URSS)

            Décisions: Création de « l’Autorité palestinienne » : embryon d’Etat avec président, administration (police, éducation, santé), contrôle territorial (total à Gaza, partiel en Cisjordanie), mais pas de souveraineté totale (défense, relations extérieures… restent sous le contrôle d'Israël)

            Dans la foulée, Paix Israël/Jordanie en 1994

            Plus récemment : Palestine, devient « Etat observateur » à l’ONU : vote fin 2012 à l'Assemblée Générale (9 votes contre dont EU, Israël)

-Mais des forces belliqueuses dans les deux camps : volonté de faire échouer la paix

            Israël: Rabin assassiné par un juif extrémiste en 1995 ; colons juifs orthodoxes continuent à s'implanter en territoire palestinien avec protection militaire (parfois encouragés par certains gouvernements, ex: actuellement Netannyahou)  ; « mur de séparation » (commencé en 2002) pour isoler la Cisjordanie d'Israël (motif officiel : empêcher les terroristes de passer ; mais crée d'énormes rancoeurs chez les Palestiniens)

            Palestine: scission entre Hamas (mouvement islamiste créé en 1987, au pouvoir à Gaza depuis 2006, hostile à la paix et au Fatah) et Fatah (Mahmoud Abbas, héritier d'Arafat, au pouvoir en Cisjordanie) ; bombardements sur Gaza par armée israélienne à plusieurs reprises (ex: été 2014 : + 1200 morts, surtout civils)

            Hezbollah basé au Liban (autre mouvement islamiste armé par Iran et Syrie) ; guerre contre Israël à l'été 2006

            Des points d’achoppement qui empêchent la paix : cristallisation religieuse, pbme de Jérusalem, du mur, des colonies, de la notion d’Etat

           

III/ La montée de l’islamisme politique

            1/ Définition et émergence

-Islamisme : projet politique et religieux qui milite pour établir un pouvoir totalitaire basé sur la charia (application stricte du Coran dans tous les domaines: droit, vies publique et privée)

-Naissance :    Frères musulmans : né en Egypte en 1928, créé par Hassan al-Banna, pour renaissance de l’Islam, contre influence occidentale, lutte non violente (officiellement), volonté de s’ancrer dans la société

-Fragmentation progressive (nombreux mouvements) et radicalisation à partir des années 1960 :

            Wahhabisme (né en Arabie, rejette toute autre forme de l’Islam),

            Salafisme (sunnite, dont une branche djihadiste née dans les années 80 en Afghanistan), etc

-Ennemis communs :

            dirigeants laïcs (ex: assassinat de Sadate par les Frères Musulmans en 1981 en Egypte ; rôle avec d’autres dans le printemps arabe de 2011)

            Lutte contre Israël et ses alliés occidentaux: liens entre islamistes et Hamas, Hezbollah…

            2/ Un moment-clé: la révolution de 1979 en Iran

-Février 1979:  révolution populaire et islamiste menée par l’ayatollah Khomeiny (religieux chiite) qui devient le guide spirituel jusqu'à sa mort (1989) ; successeur : Ali Khamenei (depuis 26 ans)

-Dictateur Palhavi, « le Shah » chassé : pouvoir absolu du Shah et régime répressif (tortures et meurtres) ; Régime à la traîne de l’Occident

-Nouveau régime: dictature théocratique islamiste, anti-américaine et anti-soviétique ; Réaction des EU: Hostilité, accueil du Shah ; Risque de pénurie: 2nd choc pétrolier en juin.

-Anti-américanisme poussé : Prise de 50 otages à l’ambassade américaine de Téhéran en novembre 1979 : Echec du commando de la CIA pour les libérer en 1980, Humiliation de J. Carter. Libération début 1981

-Guerre Iran-Irak (1980-88) :attaque de l’Iran par l’Irak de S. Hussein pour le contrôle du pétrole (profit de déstabilisation par la révolution) ; Guerre-éclair transformée en guerre d’usure car résistance : tranchées, armes chimiques. ; 1 million de morts, pas de vainqueur ; Scandale de l’Irangate aux EU contre R. Reagan (vente d’armes à l’Iran malgré l'embargo en 1985-86 ; affaire étouffée)

-Iran actuel : toujours Islamiste et anti-américain ; bienveillance de la Russie et Chine (raisons économiques: vente d’armes, achat de pétrole) ; volonté de puissance régionale ; programme de recherche nucléaire ; nouveau président Rohani (élu président en 2013) + conciliant avec EU [mais reste sous la surveillance du guide suprême...]

            3/ Les évolutions depuis les années 1980

-Des stratégies de conquête du pouvoir par les islamistes :

            Par les élections :

                        cas de la Turquie : arrivée au pouvoir légale en 2003 de l’AKP (parti politique islamiste modéré et conservateur) ; chef Erdogan (1er ministre, puis élu président en 2014) ; laïcité maintenue jusqu'à présent

                        cas de la Tunisie : "révolution de jasmin en 2011" chasse Ben Ali ; puis parti islamiste Ennahdha gagne les élections et gouverne ; battu aux élections présidentielles de 2014 ; actuellement, membre d'une coalition au gouvernement

                        cas de la Palestine : élections gagnées par le Hamas à Gaza en 2006 ; au pouvoir depuis

            Par la violence :  

                        cas de l'Afghanistan : arrivée au pouvoir par la force des Talibans en 1994 (jusqu’en 2001) ; mise en place d’un régime très rétrograde (burqa, fermeture d’écoles et cinés, exécutions publiques…)

                        cas de Syrie-Irak  : Daech (ou EIIL) créé en 2006 ; califat proclamé en 2014 par Al-Bagdhadi ; très violent (ex: exécution d’otages)

-L'exportation de la violence :

            Tournant du 11 septembre 2001 : Attaque directe contre l’Occident (EU, puis Espagne en 2004 : gare de Madrid, GB en 2005…, janvier 2015 en Fra : Charlie Hebdo + épicerie Casher) ; prosélytisme en occident (dans les prisons, les banlieues ; ex: M. Merah...) ; développement en Afrique aussi (AQMI et dérivés, Boko Haram au Nigeria) et en Asie (Philippines, Indonésie  : attentats de Bali en 2002 : + 200 morts sdurtout touristes australiens)

            Emergence d’un réseau transnational et sans réel projet politique: Al-Qaïda : figure emblématique Ben laden, mais groupes autonomes éparpillés, capacité de nuisance (frapper partout) ; "réseau de réseaux" (pas une organisation pyramidale)

            Réseau transnational ou califat ?  Divergences fortes entre Daech et Al-Qaïda (assise territoriale ou pas) ; Lutte d'influence d'où affrontements entre eux dans plusieurs pays actuellement (Syrie/Irak, Yémen, Libye)  

            Réponses occidentales : interventions directes avec défense des idéaux démocratiques, intérêts économiques et lutte contre terrorisme mêlés ; suscitent souvent une hostilité des populations (Irak en 2003-11, Afghanistan en 2001-14) ; intervention actuelle (depuis août 2014) : frappes aériennes en Syrie et Irak par EU et alliés (dont Fra seulement en Irak) ; intervention de l'OTAN (Fra, GB, EU) en Libye en 2011 (sauver les civils menacés par le dictateur Kadhafi ; finalement renversé ; mais depuis : guerre civile)

 

Conclusion

            Proche et Moyen Orient sont une des régions les plus conflictuelles du monde.

            La multiplicité des enjeux rendent la pacification de la région difficile.

            Pourtant, la situation géographique (à la croisée de trois continents) et l’importance des enjeux en font une zone que le monde (les grandes puissances particulièrement) ne peut délaisser.

 

Beaucoup de travaux récents ; suivre bien sûr l'actualité

Nombreux politologues parmi lesquels : Gilles KEPEL (prof à Sc-Po Paris), Olivier Roy (spécialiste de l'islamisme), Pascal BONIFACE (spécialiste Israël/Palestine), etc

 

2/ L’Histoire : Les collections. Le Proche-Orient de Sumer à Daech. N°69, décembre 2015

compte-rendu réalisé par F. Le Hech

 

doc1 : géographie de la région

 

1/ Henry LAURENS : 1916-1920 : Le grand partage

            -Tutelle européenne

“question d’orient” (expression de 1832): affaiblissement de l’empire ottoman dès la fin du XVIIIe s (guerre avec la Russie), puis tout au long du XIXe s

investissement progressif des puissances européennes (logique de zones d’influence):

France au Levant (côte méditerranéenne),

Angleterre vers la péninsule arabique (Bédouins),

Allemagne (construction du chemin de fer Istanbul-Bagdad)

guerres balkaniques (1912-13) ne règlent pas le problème

novembre 1914:entrée en guerre de l’empire ottoman aux côtés de l’Allemagne

décembre 1915:échec (désastre) de l’opération franco-britannique des Dardanelles

dès 1915, incitation des Anglais au chérif Husayn (chef traditionnel arabe, Hachémite = descendant de Mahomet) de se révolter contre la domination turque ; en échange, promesse de créer un Etat arabe indépendant

16 mai 1916, après plusieurs mois de négociations entre France et Angleterre, signature des accords secrets dits “Sykes-Picot” par les Anglais (noms des diplomates qui ont négocié) ou “Cambon-Grey” par les Français (noms des politiques qui ont signé) : partage de la région en zones d’influence (doc 2 : carte Sykes-Picot) soit sous administration directe, soit avec des Etats sous tutelle

2 décembre 1917: déclaration Balfour : promesse anglaise de créer un foyer national juif en Palestine

            -Le temps des mandats

A la fin de la guerre, affrontement entre plusieurs logiques :

            accords qui partagent le Moyen Orient

            droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (14 points de Wilson)

            déclaration Balfour : contradiction entre droits des Arabes de Palestine et droits des juifs

Décembre 1918: négociation secrète entre Clemenceau et Lloyd George: France cède à l'Angleterre la Palestine et la région de Mossoul (Nord de l'Irak), en échange d'une part (25%) des concessions pétrolières (compagnie pétrolière turque récupérée par France + Angleterre + EU)

Finalement, conférence de San Remo en avril 1920 (doc 3 : les mandats): attribution des territoires sous forme de mandats (contrôlés par la SDN) : Syrie et Liban à la France, Irak, Transjordanie et Palestine à l'Angleterre ; sorte de colonisation à durée limitée

Mais volonté nationaliste arabe pour créer un Etat indépendant :

            émir arabe Faysal (fils d'Husayn) se fait proclamer roi de Syrie ; détrôné et exilé par la France ; l'Angleterre l'établit ensuite roi d'Irak

            Abdullah (frère de Faysal) devient roi de Transjordanie

            pas d'unité possible (absence de volonté des Européens, désaccords familiaux des Hachémites)

 

2/ Matthieu REY : Indépendances, démocratie, et coups d'Etat

            -1945

Création de la Ligue Arabe au Caire par les Etats indépendants (Egypte, Irak, Liban, Arabie Saoudite, Syrie, Transjordanie, Yémen) avec pour but : créer une nation arabe unie

Participation de plusieurs pays à la fondation de l'ONU (conférence de San Francisco) : Egypte, Irak, Liban, Syrie

Déjà, poids de la guerre froide naissante :

            URSS perçue comme prédateur au départ, puis souvent comme un allié (ou contrepoids aux EU)

            3 préoccupations majeures des EU au Moyen Orient: accès à un pétrole bon marché, bloquer l'expansion soviétique, protéger Israël (à partir de 1948)

            -démocraties parlementaires fragiles

Indépendances: Egypte dès 1922 et Irak en 1932 (mais bases militaires anglaises), Syrie et Liban en 1945 (retrait des troupes françaises en 1946)

14 mai 1948 : proclamation de l'Etat d'Israël ; attaque militaire par 5 pays (Egypte, Jordanie, Syrie, Liban, Irak) dès le lendemain, mais échec pour eux

Apparition d'un nouvel acteur: jeunes officiers arabes frustrés par la défaite :

            Exple en Egypte : militaires forcent le roi Farouk à partir en 1952 et en 1954, le colonel Nasser (36 ans) devient président

            Exple en Syrie : de 1949 à 1954, 5 coups d'Etat

1950, guerre de Corée : Etats arabes choisissent la neutralité

Interférences de la guerre froide :

            Exple en Iran: premier ministre Mossadegh nationalise le pétrole (ancienne compagnie anglaise) et se rapproche économiquement de l'URSS ; renversé par coup d'Etat en 1953 (orchestré par la CIA, durcissement avec arrivée au pouvoir d'Eisenhower) ; Shah devient roi absolu proche des EU

            -Une ingérence des EU mal vécue

-Rapprochement de Nasser avec URSS dès 1955

-Pacte de Bagdad en 1955 : alliance défensive entre Irak,Turquie, EU, GB, Pakistan, Iran (contre URSS)

-Crise de Suez en 1956 : fin de la domination franco-anglaise sur la région

-Renversement de la monarchie hachémite en Irak en 1958 par le communiste Kassem

-Etats conservateurs (Jordanie, Arabie) restent proches des EU

-Partout, libertés politiques amoindries

            -Des partis uniques

-Influence du Parti Baas (fondé en Syrie en 1947) :

            idéologie basée sur trois aspects (laïcité, socialisme, nationalisme unitaire)

            prise de pouvoir en en Syrie en 1963

            coup d'Etat (appuyé par la CIA) en Irak en 1963 contre le communiste Kassem

-Guerre des Six-Jours en 1967 : attaque préventive d'Israël contre Syrie et Egypte ; grande victoire israélienne

-Baasistes se rapprochent de l'URSS : dictateurs Hafez El-Assad (Syrie en 1970) et Saddam Hussein (Irak en 1968) : partis uniques

-Congrès de Khartoum (1967) : début du financement de la lutte anti-Israël des pays arabes par les Etats pétroliers du Golfe

-Reprise des initiatives américaines dans les années 1970 (d'abord Kissinger, puis Carter):

            rapprochement avec Egypte de Sadate (successeur de Nasser) en échange d'aide au développement

            "politique des 2 gendarmes" par EU: armement massif de l'Iran et de l'Arabie pour protection contre URSS de toute la région (décolonisation de petits Etats par l'Angleterre: Koweït 1961, Qatar 1971, EAU 1971)

            1978 : accords de Camp David: paix définitive entre Egypte et Israël avec médiation de Carter

 

3/ Henry LAURENS: Le pétrole : une malédiction ?

            -Première exploitation

1908: découverte d'un 1er gisement en Iran

exploitation en Irak à partir de 1927, puis dans la péninsule arabique dans les années 1930

concessions à 7 "majors"(compagnies pétrolières : 5 des EU + BP anglaise + Shell anglo-hollandaise) très avantageuses : loyer annuel aux Etats + 12% de la valeur de la production (redevances augmentent vers 1950 : 50% du revenu)

1944: création de l'Aramco (consortium des 5 majors américaines pour exploiter l'immense gisement d'Arabie)

            -Naissance de l'OPEP

Hausse forte de la rente pétrolière (ex au Koweït  : 800 000 $ en 1946 ; 220 millions $ en 1954) grâce à la hausse de la production et + forte redevance

Création de l'OPEP à Bagdad en 1960 : 13 pays, 85% des exportations mondiales, but: soutenir le prix du pétrole

1971 : nationalisation des compagnies d'exploitation en Algérie, Libye et Irak ; mais commercialisation reste aux mains des majors

1973 : guerre du Kippour ; prix X4 en quelques jours (1er choc pétrolier) : hausse phénoménale de la rente ; début du "recyclage des pétrodollars" (investissement dans les pays industrialisés pour créer des fonds souverains en vue de l'après-pétrole)

            -Afflux de main d'oeuvre étrangère

société très hiérarchisée dans les pays du golfe (autochtones souvent minoritaires) :

            immigrés d'Asie du sud (sur les chantiers ou domestiques : conditions difficiles)

            classe moyenne : Indiens, Arabes (compétences techniques)

            cadres supérieurs et entrepreneurs: Palestiniens, Libanais, Occidentaux

            population autochtone vit de la rente pétrolière et de spéculation immobilière (pas d'impôts, location de logements aux étrangers) ; quasi absence de la culture du travail

            -Contre-choc pétrolier

2e choc en 1979-80) : révolution en Iran + guerre Iran/Irak ; prix X3

Années 1980: baisse forte du prix du pétrole (production hors OPEP: Alaska, Mer du Nord, URSS) ; réplique de l'Arabie: forte hausse de la production

Guerre du Golfe (1990-91): perte par l'irak de son rôle de producteur majeur

2000-2008 : hausse continue du prix, car demande mondiale en croissance (pays émergents: Chine, Inde) ; d'où boom économique au Moyen Orient : construction immobilière, fonds souverains actifs (ex: compagnies aériennes du Golfe, achat de clubs sportifs...)

2008: forte baisse due à la crise mondiale

Reprise ensuite de la montée du prix ; d'où intérêt d'exploiter les pétroles de schiste (EU, Canada)

Depuis 2014, baisse continue du prix

toujours main d'oeuvre étrangère (ex: Népalais sur les chantiers des stades de la coupe de foot 2022: conditions de travail et de vie épouvantables)

            -Wahhabisme

courant religieux sunnite rigoriste né en Arabie au XVIIIe s ; alliance politico-religieuse entre les Saoud (famille régnante) et Ibn Abd al-Wahhab (prédicateur religieux)

autres héritiers du wahhabisme: salafistes et djihadistes : hostiles aux Saoud car ces derniers alliés aux EU et à l'Occident.

 

4/ Alain DIECKOFF (prof à Sciences Po) : Ce qui a changé avec Israël

            -1948 : guerre d'indépendance

Plan de partage de l'ONU en 1947 (2 Etats) refusé par les Palestiniens, mais les juifs (bien armés) avancent militairement ; naissance de l'Etat d'Israël proclamée le 14 mai 1948 ; Palestiniens vaincus

Entrée en guerre des pays arabes, mais vaincus aussi

bilan lourd: 5800 morts israéliens (1% de la population, 8% des 19-21 ans) ; 2000 militaires arabes morts (civils: inconnus) ; 700 000 réfugiés palestiniens dans les pays voisins

participation à l'expédition de Suez en 1956, mais retrait (pression des EU)

            -1967 : guerre des Six-jours

installation de bases militaires égyptiennes dans le Sinaï : grande inquiétude d'Israël qui attaque Egypte et Syrie

victoire rapide  : 20 000 morts arabes (seulement 760 morts israéliens), autres pertes arabes : aviation détruite au sol, perte de 70% des armes lourdes

glacis protecteur pour Israël: occupation de Gaza, Cisjordanie, Golan, Sinaï

ombres:

            rupture des relations diplomatiques par le bloc communiste ; prise de distance de la France (politique arabe de De Gaulle)

            prise directe avec les nationalistes palestiniens (territoires occupés)

            extrémistes juifs : colonisation des territoires occupés

            -1973 : guerre du Kippour

attaque conjointe d'Egypte (Sadate) et de Syrie : but es d'obliger Israël à renégocier ; succès arabe au départ vite contré par Tsahal (armée israélienne)

intervention conjointe de l'URSS et des EU (contexte de détente) pour faire cesser le conflit

objectif de Sadate atteint

            -1978: accords de Camp David

pas de concession israélienne sur les Palestiniens

mais paix avec Egypte : retrait du Sinaï, relations diplomatiques, économiques et culturelles

représailles arabes contre l'Egypte:

            exclue de la Ligue arabe (jusqu'en 1989)

            Sadate assassiné par des islamistes (1981)

OLP de Y. Arafat implantée chez les réfugiés palestiniens et dans les territoires occupés, base au Liban: en 1982, attaque par Israël ; victoire apparente d'Israël

situation libanaise très complexe: guerre civile de 1975 à 1990 entre factions religieuses (chrétiens, chiites, druzes) avec forte tutelle de la Syrie

            -1993: accords d'Oslo

changement de la donne : 1987: Intifada (guerre des pierres, soulèvement des Palestiniens en territoires occupés) + guerre du Golfe (1990-91) + fin URSS : EU en position de force pour faire négocier Israël et OLP

poignée de main I. Rabin (1er ministre travailliste d'Israël) et Y. Arafat (OLP) en 1993 : reconnaissance mutuelle, création de l'Autorité palestinienne (contrôle d'une partie des territoires occupés)

1994: paix entre Israël et Jordanie

 

5/ Hamit BOZARSLAN: Les quatre coups de 1979

-autonomisation des Etats du Moyen Orient face aux deux Grands

-4 événements (sans lien direct entre eux):

            reconnaissance entre Israël et Egypte (après camp David) d'où discrédit de l'Egypte (alliée aux EU) dans le monde arabe

            intervention militaire de l'URSS en Afghanistan pour soutenir le régime communiste en difficulté d'où discrédit de l'URSS dans le monde arabe (résistance organisée par les Moudjahiddin musulmans)

            révolution islamique en Iran par ayatollah Khomeiny ; symbole de l'anti-impérialisme américain et projet utopique pour les musulmans

            attaque de la Kaaba (lieu saint de La Mecque) par un groupe islamiste : échec (grâce au GIGN français), mais montre la radicalisation et la contestation contre Arabie alliée des EU

Par la suite, ces événements se comprennent dans un même processus : revirement du monde arabe d'une gauche communiste ou socialiste vers l'islamisme

-Beaucoup de figurent de l'islamisme ont d'abord combattu contre l'URSS en Afghanistan (ex: pour le futur Al-Qaïda, ben Laden) : "modèle de Peshawar" (ville du Nord du Pakistan, base repli pour les djihadistes d'Afghanistan)

-Islamisme définit un ennemi à la fois politique, géopolitique et religieux: l'Occident ; romantisme révolutionnaire de conquête du pouvoir (ex: cas iranien) ; nouveaux concepts dominants: Moudjahid (combattant du djihad), martyr, djihad (réduit à sa dimension militaire)

 

6/ Philip GOLUB: 2003, la faute américaine

Conséquences des attentats du 11 septembre 2001 :

            Attaque de l'Afghanistan en octobre 2001

            Invasion de l'Irak en 2003 par les EU : renversement rapide de Saddam Hussein, mais pays déstructuré et occupation mal perçue

Pour Z. Brzezinski : "calamité historique, stratégique et morale"

Déstabilisation de tout le Moyen Orient :

            Etats-nations effondrés: Irak, Syrie, Libye, Yémen

            rivalités interétatiques accrues (Iran/Pays du Golfe sunnites)

            hausse des fractures internes: Egypte, Liban

Tentative de correction du cap avec B. Obama :

            discours du Caire en 2009 : respect des pays musulmans

            accords de juillet 2015 : fin du contentieux nucléaire avec Iran

Mais nécessité de refondre l'ensemble des relations : avec Israël, avec Arabie

 

7/ Jean-Pierre FILIU (prof à Sciences Po) : La longue route vers l'Etat palestinien

-création de l'OLP (organisation de Libération de la Palestine) en Egypte en 1964 : liée à Nasser, lui-même hostile au mouvement Fatah créé par Arafat en 1959

-1969: Arafat prend le contrôle de l'OLP, mais lutte depuis l'extérieur (siège au Liban, puis à Tunis) ; islamistes palestiniens progressent dans les territoires occupés (Frères musulmans de Yassine deviennent le Hamas en 1987) ; 2 mouvements concurrents

-Aujourd'hui, 4 catégories de palestiniens :

            en Israël : 20% de la population

            à Jérusalem-Est (300 000)

            en Cisjordanie: Autorité palestinienne (dirigée par le Fatah) gouverne 20% de ce territoire, mais 350 000 colons juifs

            Gaza : contrôlé par Hamas depuis 2007

-Novembre 2012 : Palestine devient observateur à l'ONU (Etat non membre)

 

8/ Hamit BOZARSLAN : La Turquie retrouve l'Orient

Turquie désintéressée du Moyen Orient au XXe s :

            démantèlement de l'empire ottoman

            regard tourné vers l'Occident : laïcité de Kemal, protection par les EU (Otan)

Retour vers l'Orient avec plusieurs facteurs :

            question Kurde (lutte armée du PKK en Turquie à partir des années 1980)

            dimension religieuse et économique : financement de mosquées turques par Arabie, entreprises turques sur les marchés arabes

            2002: victoire électorale de l'AKP (islamiste modéré d'Erdogan), d'abord favorable à l'intégration dans l'UE (mais négociations piétinent depuis 2004) ; réorientation géopolitique à partir de 2007 : recherche d'un poids politique sur le Moyen Orient

            soutien aux djihadistes d'Al-Nosra et de Daech (car en lutte contre les Kurdes) ; mais pression des EU à l'été 2015 (d'où ouverture de ses bases militaires aux avions américains)

 

9/ Olivier ROY: Géopolitique du chaos

Arc des crises passe par Palestine, Liban, Syrie, Irak (anciens territoires de l'empire ottoman) doc4

Phénomène nouveau: remise en cause des frontières et des Etats par Daech

Printemps arabe transformé en guerre civile en Syrie avec enjeu régional (rivalité Arabie/Iran)

            -Echec du nationalisme

Panarabisme: idéologie d'unification supra-étatique de tous les Arabes en détruisant les frontières coloniales ; échec car s'il a gagné le pouvoir, il n'a jamais remis en cause les frontières (Parti Baas, Nasser en Egypte, FLN en Algérie)

Révolution iranienne de 1979 change la donne pour les chiites arabes : hostilité + forte avec les sunnites (ex: guerre Iran/Irak, Hezbollah chiite au Liban, oppression des chiites irakiens par les sunnites de S. Hussein, opposition entre chiites syriens de B. El-Assad et sunnites de Daech)

            -Sunnites marginalisés

cas de l'Irak en 2003 : pouvoir revient aux chiites après renversement de S. Hussein, région kurde gagne son autonomie, sunnites exclus du pouvoir

"Daech a 2 pères: Ben Laden et Saddam Hussein" (héritages):

            récupération de la rhétorique et du terrorisme d'Al-Qaïda : islamisme, califat mondial, anti-occident...

            récupération de S. Hussein: base territoriale (région sunnite d'Irak) et appareil militaire (armes, cadres)

Mais 2 différences majeures entre Daech et Al-Qaïda :

            principal ennemi de Daech : chiites (Pour Ben Laden : occident)

            califat d'abord territorial pour Daech (conquérir le monde musulman, donc plus local que global)

Guerre chiites/sunnites des Etats par procuration ; enjeu réel : domination de la région par Arabie ou Iran (parallèle à faire avec la "Guerre de 30 ans en Europe 1618-48 : officiellement oppose catholiques et protestants, mais en réalité, enjeu de puissance sur le continent)

Actuellement, Iran plutôt en position de force...

 

 

3/ Documentation photographique n° 8102 : GEOPOLITIQUE DU MOYEN-ORIENT par Fabrice BALANCHE (prof à l'université de Lyon), fin 2014

Compte-rendu réalisé par F. Le Hech

 

1/ Quelques réflexions générales:

            -MO à la croisée des enjeux mondiaux actuels : 50% des réserves d'hydrocarbures, lieux saints des religions monothéistes, principales routes du commerce mondial

            -Y a-t-il un risque de balkanisation ? (atomisation territoriale et politique) guerres civiles en Syrie, Irak, Yémen, conflit israélo-arabe...

            -Rôle des acteurs non étatiques non négligeable : groupes islamistes en progression, investisseurs, médias...

            -Rôle des puissances régionales et mondiales : EU très présents mais en retrait relatif depuis Obama, ambitions concurrentes entre pays de la région (voir plus loin)

            -MO au coeur de "l'arc des crises" (de l'Afrique centrale à l'Afghanistan)

            -Citation d'Ernest Renan (historien et philosophe du XIXe s) qui s'adresse en 1885 à Ferdinand de Lesseps (diplomate, concepteur du canal de Suez percé en 1869) : "Un seul Bosphore avait suffi jusqu'ici aux embarras du monde ; vous en avez créé un second, bien plus important que l'autre". Cette citation montre en fait que le canal de Suez va devenir un enjeu majeur entre les grandes puissances, comme l'avait été le détroit du Bosphore en Turquie au XIXe s. [citation intéressante qui pourrait faire une bonne accroche introductive pour un sujet de Sciences Po !]

            -Déstabilisation du MO par le Printemps arabe de 2011 : Egypte, Syrie, Yémen, Bahreïn : luttes internes pour le pouvoir + intervention des pays étrangers

            -Question du positionnement du MO avec déplacement du centre de gravité du monde de l'Occident vers l'Asie-Pacifique dans le cadre de la mondialisation

            -Entrée du MO dans la mondialisation (sauf pays sous embargo: Iran depuis 1979, Irak de 1991 à 2003) ; rôle moteur des pétromonarchies du Golfe persique (création en 2005 du GAFTA : accord de libre-échange entre les Etats arabes du MO)

 

2/ Définir le MO

            1/ C'est plus un espace géopolitique que géographique : frontières varient selon les intérêts de la puissance dominante du moment

Ex1 : pour W. Churchill, définition basée sur les points forts de l'empire colonial anglais : Egypte = Proche Orient, Iran = Moyen Orient, Inde = Orient

Ex2 : pour GW Bush, 'Great Middle East" va de la Mauritanie à l'Afghanistan ; son but : y imposer la démocratie après le 11 septembre 2001

            2/Quel centre ?

3 éléments essentiels à prendre en compte : hydrocarbures, coeur de l'Islam, conflit israélo-arabe

                        -CCG (Conseil de Coopération du Golfe) : Arabie Saoudite, Koweït, Qatar, Bahreïn, Emirats Arabes Unis (EAU), Oman ; représente 1/4 de la production et des réserves de pétrole, 10% du gaz.

Un poids lourd: Arabie Saoudite : population (28 M hab sur les 47 M du Golfe), + grande superficie, 50% du PIB, 2 lieux saints (La Mecque et Médine), relation privilégiée avec EU

Mais un emblème différent aux yeux du monde : ville de Dubaï (EAU) : architecture (Burj Kalifa: + haute tour du monde à + de 800 m de hauteur), "palmeraie" artificielle reconstituée sur l'eau, présence des entreprises occidentales

                        -Iran : beaucoup de pétrole, civilisation ancienne brillante, attend son heure...

                        -Egypte: ancien pays leader des Arabes (Nasser), mais devenu une périphérie assistée (aide alimentaire massive des EU)

                        -Levant: situation de conflit donc périphérie en difficulté

                        -Israël: isolat économique et politique, ennemi "facile" du monde arabe

                        -cause palestinienne : enjeu de pouvoir (lutte d'influence entre Arabie et Iran) plus qu'une réelle finalité politique pour les Etats de la région

Donc triangle central compris entre les villes de La Mecque, Dubaï et Jérusalem

            3/ Turquie et Afghanistan : dedans ou dehors ?

                        -Turquie: se tourne vers l'Europe après la chute de l'empire ottoman (laïcisation, membre de l'OTAN, demande d'adhésion à l'UE...). Depuis 2002 (victoire du parti islamiste conservateur AKP), se tourne de nouveau vers le MO (adhésion à l'UE incertaine, volonté de paraître un modèle "islamo-démocratique" pendant le printemps arabe, mais sans grand succès) ; donc bien dans le MO

                        -Afghanistan : davantage concerné par les problématiques du monde indien (Inde et Pakistan) ; donc dehors

 

3/ Des régimes contestés par la rue: le printemps arabe

            1/ Tunisie et Iran

Tunisie hors MO, mais "révolution de jasmin" a eu des réactions en chaîne au MO : Ben Ali fuit après plusieurs semaines de manifestations (commencées fin 2010 dans les régions délaissées de l'intérieur, puis contagion) ; pas de tensions communautaires en Tunisie (99% de la population est arabe et sunnite)

Iran: "révolution verte" en 2009 après la réélection comme président de Ahmadinejad, mais très vite réprimée (150 morts, milliers d'arrestations). Mais le régime a dû prendre en compte les aspirations de la rue (moins de rigueur religieuse, relancer l'économie). En2013, H. Rohani, réformateur et modéré élu ; tente de renouer avec l'Occident, mais dans les limites imposées par le guide suprême (ayatollah Khamenei)

            2/ Un printemps arabes sous influence

Révolution de Tunisie a fait des émules: Moubarak renversé en Egypte, Kadhafi en Libye (mais intervention occidentale nécessaire)

En Syrie, maintien de Bachar el-Assad malgré tentative de révolution : soutien de Russie et d'Iran, pas d'intervention directe des occidentaux

Au Yémen, président Saleh forcé à la démission sous pression de l'Arabie et des EU  (en échange d'un exil doré aux EU)

A Bahreïn, intervention militaire de l'Arabie pour mater la révolution menée par les chiites contre le régime sunnite

Donc devenir des révolutions largement influencé par la géopolitique régionale et mondiale (jeu et intérêt des puissances)

            3/ Une analyse occidentale erronée

perception occidentale focalisée sur les mouvements progressistes des révolutions (favorables à la démocratie, actifs sur les réseaux sociaux)

pas toute la réalité : ne représentent pas la masse des populations, clivages (ethniques, confessionnels, tribaux) non pris en compte

exples: victoire des islamistes avec programmes réactionnaires lors des premières élections en Tunisie et Egypte

parallèle avec "printemps des peuples" de 1848 à envisager de façon nuancée : mais, même cause de départ : crise économique 1848 et 2007-08 (crise mondiale entraîne réduction des IDE et baisse des transferts des migrants d'où déstabilisation des classes populaires et moyennes) ; ajouter pour la crise récente le ras-le-bol des "clans prédateurs" et corrompus (famille Ben Ali, Moubarak)

            4/ Des causes profondes

-remise en cause de la société patriarcale traditionnelle avec les progrès individuels (hausse de l'espérance de vie, éducation, promotion des femmes...) ; chefs d'Etat/dictateurs représentatifs de l'image du "père"

-individualisme croissant incompatible avec société traditionnelle (homme reste mineur tant que son père est vivant [de + en + vieux], seul l'héritage permet l'indépendance)

-effets de la mondialisation : dépendance accrue vis à vis de la rente pétrolière et des transferts des migrants ; incapacité des Etats à maintenir la promotion sociale, notamment des jeunes diplômés

-tournant communautaire et/ou islamiste : acteurs favorables à la démocratie trop peu nombreux

            5/ Des conséquences politiques finalement limitées

-Retour au pouvoir de l'ancien régime en Egypte: coup d'Etat des militaires de l'été 2013 contre les islamistes élus ; maréchal al-Sissi élu président en 2014 avec 97 % des voix !

-Guerre civile s'éternise en Syrie : + de 200 000 morts

-Libye ingouvernable : multiples conflits tribaux avec lutte pour le contrôle du pétrole ; pullulement des groupes djihadistes dans un Etat disparu ; idem ou presque au Yémen

-Bahreïn : chiites surveillés en permanence

-Question de l'Arabie: véritable gérontocratie sans projet de réforme sociale, uniquement manne pétrolière. jusqu'à quand ?

 

4/ Le MO dans la mondialisation

pas une réelle "région économique" :; très fortes disparités : Yémen = PMA, Qatar un des 2 1ers mondiaux pour RNB/hab ; investissement en R&D très inégal: Israël: 3,9% du PIB (taux le + élevé au monde), Egypte : proche de 0.

            1/ Principale région productrice d'hydrocarbures au monde

économie de rente pour la plupart des pays

50% des réserves de pétrole ; 1/3 de la production

gaz en forte hausse actuellement (exploitation du champ gazier de South Pars (Qatar et Iran ; 10% de la production mondiale à eux deux)

1er producteur de pétrole: Arabie

pays qui en profitent peu à cause de l'insécurité: Irak, Yémen

production en Iran limitée à cause de l'embargo

découverte récente de gaz en Egypte

champ gazier offshore découvert en Méditerranée orientale (surnommé Leviathan, mais à relativiser: seulement 1% des réserves mondiales) : une partie déjà exploitée par Israël, mais risque de conflits avec autres pays riverains : Liban, Syrie

diversification actuelle des voies d'exportation: éviter de dépendre d'un seul pays voisin, zone maritime dangereuse/instable (piraterie, risque sur détroit d'Ormuz) ; en général: voie maritime + oléoducs (ex: Irak: Bassora vers Golfe + oléoduc vers Turquie)

            2/ Des hydrocarbures de + en + dirigés vers l'Asie orientale

EU et UE réduisent leur dépendance vis à vis du MO : UE diversifient ses approvisionnements, EU profitent des gaz/pétrole de schiste ; Chine est devenue le 1er client et multiplie ses investissements (ex: Irak) ; autre très gros importateur: Japon

            3/ Une situation de pivot entre Europe et Asie-Pacifique

Golfe devenu un important hub maritime mondial (même pour autres produits que les hydrocarbures) ; ex: port de Jebel Ali (EAU) pour porte-conteneurs et redistribution dans tout le MO

Golfe beaucoup + performant et utilisé que les ports du Levant

Hub aérien : Abou Dabi et Dubaï (EAU), Doha (Qatar) : investissements massifs (infrastructures, création de compagnies aériennes de niveau mondial)

            4/ Une puissance financière au service de la géopolitique régionale

-PIB des 6 pays du CCG = 12e place mondiale ; X3 en 10 ans ; croissance du PIB: 3,7 % en 2013 ; excédent commercial très fort ; donc font partie des pays émergents

réserves de devises énormes : placées dans des fonds souverains (organismes d'investissement appartenant à l'Etat) ; IDE surtout vers Occident, mais de + en + vers pays arabes + pauvres (Tunisie, Egypte)

Pays du CCG: = acteurs incontournables à l'échelle régionale et aussi mondiale

-Iran et Irak : gros potentiel de développement, mais pays très en retard: sanctions contre Iran, insécurité et instabilité de l'Iran ; une exception Kurdistan irakien (gouvernement autonome): très forte croissance depuis 10 ans grâce au pétrole et investissements étrangers, ressemble aux pays du Golfe (sauf zone frontière en guerre contre Daech)

-périphérie dépendante de la manne pétrolière indirecte par les transferts des migrants (ex: Egypte: reçoit 20 Milliards de $ par an de ses émigrés, dont 1/4 d'Arabie) ; aides bilatérales (ex: Arabie aide Egypte et Jordanie, Iran aide Syrie)

-pays indépendants de la rente : Turquie et Israël (peu d'hydrocarbures, mais + intégrés à la mondialisation ; industrie manufacturière pour Turquie et hautes technologies pour Israël)

 

5/ Typologie géopolitique des Etats

            1/ Pouvoirs d'hier

Egypte, Syrie, Irak: anciennes puissances régionales aujourd'hui déclassées

Leurs armées étaient fortes pendant la guerre froide (aide de l'URSS), mais pas aujourd'hui: détruite pour l'Irak (dès 1e guerre du Golfe), limitée pour Egypte (depuis accords de Camp David avec Israël), contestée en Syrie (guerre civile)

            2/ Les EU, un acteur toujours dominant ?

Inflexion depuis l'arrivée d'Obama en 2008: allègement de leur présence: retrait d'Irak (2011) et d'Afghanistan (2014) ; accepte de discuter avec les "islamistes modérés" (AKP au pouvoir en Turquie, Frères musulmans en Egypte)

Attitude face au Printemps arabe: soutien au changement, mais sans froisser l'Arabie ; donc assez ambigu ; refus d'intervenir en Syrie en 2013

Raisons du relatif retrait des EU: coût financier des interventions, résultat peu concluant, découverte du pétrole de schiste aux EU, inquiétude du rattrapage économique de la Chine

A nuancer : 40 000 soldats américains présents dans la zone du Golfe ; bombardements contre Daech depuis été 2014

            3/ 4 ou 5 puissances régionales disparates

-concurrence nette entre Turquie, Iran et Arabie pour domination du MO : clientélisme des autres Etats par argent du pétrole

axe pro-iranien : Iran, Syrie, Liban

front sunnite dirigé par Arabie, mais avec des fissures (ex: prise de distance du Qatar qui mécontente fortement l'Arabie)

Turquie veut paraître comme un modèle alliant Islam et démocratie ; mais méfiance des pays arabes

-cas d'Israël: puissance régionale, mais qui ne veut pas étendre son influence, seulement renforcer sa sécurité ; nécessité d'affaiblir son principal ennemi: l'Iran et ses alliés (Hezbollah au Liban, Syrie)

-cas du Qatar : soutien aux Frères musulmans pendant le Printemps arabe (Tunisie, Egypte, Syrie) : financement, chaîne de TV (Al Jazeera) mais ont tous échoué aujourd'hui ; changement de stratégie pour revenir dans le jeu: soutien aux Palestiniens

 

6/ Le découpage du MO: jeux de puissances

            1/ Le partage franco-britannique à la fin de la 1e GM

Accords Sykes-Picot en mai 1916 : partage prévu du MO, mais pas totalement réalisé ensuite (rivalités Fra/GB, question du royaume arabe de Fayçal, récupération de toute l'Anatolie par M. Kémal)

Mais, MO actuel est bien le résultat des stratégies de l'époque : volonté anglaise de conserver le canal de Suez, intérêts économiques de la Fra en Syrie, mouvement sioniste, résistance de Kémal, volonté d'unification arabe de Fayçal, extension de l'influence anglaise sur l'Iran (au détriment de la Russie)

Compréhension du soutien anglais au mouvement sioniste: aider à protéger le canal de Suez, repousser l'influence française plus au Nord

            2/ Le MO à l'heure de la guerre froide

Conflit israélo-arabe "récupéré" par la guerre froide: Israël soutenu par Occident, donc arabes se rapprochent de l'URSS (raisons stratégiques, pas idéologiques)

Fra et GB évincées et déconsidérées dans la crise de Suez en 1956 : influence remplacée par celle des EU et de l'URSS

Pays de la région utilisés comme des pions par les 2 Grands : enjeu pétrolier très présent

            3/ La présence américaine au MO

en 1990, Saddam Hussein n'a pas compris les changements amenés par la fin de la guerre froide: pensait pouvoir envahir le Koweït sans réaction occidentale

Guerre du Golfe signe un grand succès pour EU: position dominante au MO, contrats avantageux avec pays de l'OPEP pour pétrole pas cher

Soutien à Israël: pas très logique dans la géopolitique d'aujourd'hui (EU se coupent des pays arabes) ; se comprend surtout pour raison de politique intérieure des EU (rôle des juifs aux EU, notamment lors des campagnes électorales)

Invasion de l'Irak en 2003 sans réel bénéfice pour EU

 

7/ Quels gendarmes pour le MO aujourd'hui ?

Russie de retour, Chine investit, EU en retrait, UE frileuse voire quasi absente

Place pour les acteurs de la région, mais en lien avec géopolitique mondiale des puissances :

            -Turquie, mais gênée d'être dans le même camp qu'Israël (Turquie liée aux EU par OTAN)

            -Iran sorti de l'isolement (grâce à Russie et Chine), d'où nécessité des EU de négocier...

            -Israël et Arabie protestent contre le rapprochement EU/ Iran, mais ne peuvent pas rompre avec EU

            -Syrie de Bachar soutenue par Russie (raisons militaires) et Chine (raisons économiques) ; peur de Russie et Chine d'une déstabilisation de leurs propres pays par islamistes

 

8/ Trois défis majeurs

            -devenir du Printemps arabe : Syrie, Yémen, Egypte, Bahreïn durablement déstabilisés. Inquiétude actuelle porte sur le risque de déstabilisation de l'Arabie saoudite, monarchie vieillissante incapable de se réformer pour faire progresser sa société.

            -résolution du conflit israélo-arabe. Processus de paix enlisé. EU incapables de faire pression sur Israël. Alors que la situation des Palestiniens encourage la radicalisation islamique

            -radicalisation islamique. Interventions militaires occidentales inefficaces. Rivalités entre puissances régionales exploitées par les islamistes. Frange de la population sans perspectives ou déclassée (jeunesse surtout) : paradoxe pour une région ayant d'immenses ressources naturelles.

 

Cette Doc Photo est au CDI. Si vous avez le temps, il y a un excellent dossier documentaire après les "généralités" que j'ai résumées ici.